01mar. 2010

De Saint-Malo à Brest, une aventure à bord du Belem

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Nous allons embarquer sur le stage n°23 (Saint-Malo-Brest) avec mon paternel. En fait, c'est son cadeau pour ses 60 ans, mais je l'accompagne ;-) histoire qu'il ne soit pas tout seul.

Mercredi 23 septembre 2009 au soir

Nous arrivons à Saint-Malo plein de rêves. Mais là, déception, pas de Belem à quai !
En fait, il a passé la journée dans la baie et il est actuellement au mouillage en train d'attendre l'éclusage. Nous décidons alors de diner en prenant une petite galette en attendant, ceci dans une crêperie située sur les remparts. Comme ça nous pouvons surveiller si quelque chose bouge au mouillage.
Le Belem écluse et est à quai vers 21:30. Le temps du débarquement des élèves qui ont passé la journée en mer, nous montons à bord vers 22:00. Nous sommes accueillis par Patrice le bosco. Nous emmargeons, nous prenons nos moques et il descend nous montrer nos bannettes (N°35 & n°36).
La mature du Belem était éclairée par de puissants spots. J'ai décidé de remonter faire des photos depuis le spardeck. Mais tout d'abord, un peu de rangement du paquetage dans le placard s'avère nécessaire. Quelques photos plus tard, en revenant, je croise mon père en train de causer avec Patrice et le commandant Yann Cariou. On parle du bateau et surtout, du bateau. Puis dodo. La journée a été longue avec la route depuis Bordeaux.

Dans le bassin Vauban

Jeudi 24 septembre 2009

Xavier, un des gabiers, nous trouve réveillés. Il nous assigne donc le rôle de préparation du petit déjeuner. Nous rencontrons Agnès et n'ayant pas nos marques, c'est elle qui nous guide, voire nous devance, pour la préparation du 'tit dej'. Sacrée Agnès, marin professionnel, mais tellement passionnée qu'elle rembarque comme stagiaire sitôt sa saison de navigation terminée. Elle a le Belem dans le sang, ça se sentira tout au long du stage, à tel point qu'elle fait "presque" partie de l'équipage. Une telle passion m'intrigue et je me dis que la puissance du Belem doit être telle que personne ne sort indemne d'un séjour à son bord... Une autre personne m'intrigue, il s'agit du stagiaire Jean-Marc, étrange bonhomme aux cheveux et à la barbe blancs et hirsutes. Sa voix douce s'oppose à son regard que l'on sent farouche. Lui aussi a semble-t-il du faire certains sacrifices pour être à bord, surtout qu'il fait le Havre-Lorient. Nous rangeons les affaires du petit dej' et c'est déjà l'arrivée des premiers stagiaires. Il est temps de monter et de se mêler à la foule grandissante. Nous retrouvons sur le quai ma mère et des amis, venus voir le départ.

Dans le bassin Vauban

Être sur le pont du Belem devant les remparts de St-Malo, ville remplie de l'histoire familiale, c'est émouvant. Je m'amuse à photographier la mature. Mais je n'ai pas encore compris que le Belem à quai, voiles ferlées est incomplet et, maintenant, à mes yeux, moins beau.

Dans le bassin Vauban

On sent l'équipage se préparer à la manœuvre et puis j'entends un officier parler de la porte de l'écluse qui serait en panne et que pour occuper les stagiaires, nous allions faire un exercice d'évacuation. Je monte sur le spardeck prévenir le paternel et là, la corne de brume sonne, 7 coups longs, un coup bref. Bien placés, nous récupérons nos gilets. Le spardeck se remplit de bonhommes fluos. Et le second Aymeric, avec Xavier, nous explique la manœuvre d'évacuation avec les canots de sauvetage. Et Xavier de mimer une hôtesse de l'air lors de la réglementaire présentation des consignes de sécurité sur un avion. Sourires à bord...

Dans le bassin Vauban

Première manœuvre, il faut brasser les vergues pour les faire changer d'amure. Je tire sur (avec d'autres) le bras bâbord de la grand voile. Quelle violence et quel manque de coordination. Puis, nous partons. Le Belem fait demi-tour dans le bassin Vauban. Le commandant et le pilote sont sur la timonerie pour mieux contrôler la manœuvre. Direction l'écluse où je commence un peu à prendre la mesure du bateau.

Dans le bassin Vauban

Un énorme nuage noir arrive du NW et nous fait craindre une bonne saucée. Au sortir du port nous croisons un gros catamaran et pendant la manœuvre d'établissement des focs et des voiles d'étai, le Renard. J'étais alors à tirer sur les drisses du grand foc. Puis St-Malo du large, la plage du môle, la hollande, et la plage de bon-secours suivis des Bès... Je me promène sur le spardeck pour sentir les premiers embruns... Saint-Malo s'éloigne et ne devient plus qu'un souvenir.

En baie de Saint-Malo

11h, on sonne le premier service. Nous descendons dans la batterie où se trouvent la table commune et nos modules. Les trois personnes de service avaient, comme recommandé, déjà mis la table. Et le premier repas va bon train, l'équipage mélangé aux stagiaires. A midi nous laissons la place au second service. En attendant la prochaine manœuvre, je prends quelques photos depuis le gaillard, histoire de découvrir le navire.

En baie de Saint-Malo

Et puis, le second service terminé, il est grand temps de déployer toute la voilure. Répartition des équipes, je suis au pied du grand mat et Charly nous explique la manœuvre. Nous commençons par les écoutes de grand hunier fixe puis les drisses de grand hunier volant, du grand perroquet et du grand cacatois. La manœuvre sur la misaine est identique mais doit avoir un temps d'avance. Nous finissons par les écoutes de la grand voile et son point d'amure à tribord. Puis il faut brasser les vergues pour optimiser la voilure. Et c'est là que je me rends compte de la magie de ce navires toutes voiles dehors. Enfin, le Belem se révèle !

1er jour, de Saint-Malo aux 7 îles

Petite conférence du commandant sur l'histoire du Belem : aujourd'hui la Guinness a 250 ans et nous sommes sur le dernier bateau et grand amour de Sir Guinness. Magnifique coïncidence... Retour sur le spardeck, séances photos. Notre premier quart est le 15-18 alors que nous sommes au large de Bréhat. La fin d'après-midi se passe tranquillement : peu de vent.

1er jour, de Saint-Malo aux 7 îles

Vers 18:30, un stagiaire (désolé, je ne connais pas son nom) sort son accordéon et nous joue des chants marins. Il est bientôt rejoint par un chanteur. Ca apporte un certain charme à l'ambiance; là en pleine mer ! Nous nous rapprochons des Sept-Îles. Lentement !

1er jour, de Saint-Malo aux 7 îles

18:55, juste avant notre service, nous sommes requis pour brasser le phare de misaine et en l'occurrence les basses voiles (misaine et huniers). Tire mon gars ! Tiens bon ! Allez, on tourne !

1er jour, de Saint-Malo aux 7 îles

Suffit l'effort, je photographie ceux qui brassent le phare de grand mat. Voilà notre œuvre, un beau phare bien brassé ! Avec les voiles hautes qui ouvrent un peu plus...

1er jour, de Saint-Malo aux 7 îles

Je prête main forte à Xavier pour peaufiner le réglage sur l'autre amure : ils faut raidir les bras. Regardez bien la position : il y en a un qui a le bon geste, précis, efficace, bien droit dans ses bottes. Et les autres, se déhanchant à tour de bras et tirant comme des bœufs.

1er jour, de Saint-Malo aux 7 îles 1er jour, de Saint-Malo aux 7 îles

Bon la relève est là pour ranger le pont. C'est l'heure du repas. Et puis dodo très tôt parce que le prochain quart, c'est 0h-4h !

Pour plus de photos : galerie #2, galerie #3 et galerie #4.

vendredi 25 septembre 2009

Réveil à 23h45, lentilles, pantalon, sur-pantalon étanche, grosses chaussettes, bottes, t-shirt, polaire, veste de quart, bonnet et gant de manœuvre. Direction la dunette pour la relève. Un petit topo par Gaël : tiers de quart divisé en 3. Nous, nous partons pour une heure de veille sur le gaillard, puis une heure en dispo, suivie d'une heure à la navigation. Puis trois fois vingt minutes du même régime.
L'heure de veille passe très vite : nous sommes plus les yeux vers le ciel que vers l'eau. Mais mon dieu, que c'est beau ! Ca faisait une éternité que je n'avais pas vu autant d'étoiles ! Et la voie lactée ! C'est tellement rempli que les constellations que je repère habituellement dans mon ciel campagnard se retrouvent noyées dans un bain stellaire.
L'heure en dispo passe vite aussi, Fabrice nous a mis un DVD retraçant le voyage d'un des derniers cap-horniers allemand, un géant de 4 mats. Puis l'heure sur la dunette. Mon père prend la barre pendant vingt minutes et puis nous allons discuté avec l'officier de quart. Forcément, entre un marin et des aviateurs, la discussion bat son plein et nous loupons nos vingt minutes de veille. Finalement je retrouve mon groupe en dispo et nous finissons notre quart en brassant à bâbord. Ouf, voici venir la relève, Bonne nuit !
7h30, j'émerge, réveillé par le bruit du petit déjeuner. Celui-ci est expédié. Comme la douche. Avant d'attaquer le poste de propreté. Tout le monde nettoie ! Le tiers de quart s'occupe de la batterie (sanitaires) et les autres font les vitres, les bois et les cuivres pendant que l'équipage s'occupe du pont. C'est un peu le bazar, on ne sait pas trop qui a fait quoi. Certain cuivre ont été passé au miror mais pas astiqués. D'autres tire un peu au flanc. Je commence par les cuivres du charnier dans le grand roof puis des poignets et plaques à bâbord avant de finir avec l'escalier bâbord qui mène au spardeck.

La matinée du 2ème jour

La matinée du 2ème jour

Qu'il est beau notre Belem ! Sous voile avec le soleil levant ! J'en profite pour détailler la voilure.
9h20, le vent a changé, il faut brasser à bâbord ! Et bien sûr, on laisse à Agnès le soin de vérifier le réglage des voiles. Quand je disais qu'elle fait presque partie de l'équipage ;-)

La matinée du 2ème jour

Puis nous avons une conférence sur les manœuvres par le commandant. Nous apprenons comment faire virer de bord le Belem, vent devant ou lof pour lof. Après le repas, je monte à la dunette pour mon quart et la personne qui tenait la barre, partant manger, me la laisse. Mes trop grands mouvements initiaux ont été vite corrigés par Gaël et j'ai barré le Belem au 245 pendant 40 min !

L'après-midi du 2ème jour

13h30, il est temps de monter dans la mature. Le premier groupe monte et mon père se prépare pour le second. Alors, on est bien à 7m, là-haut ?

L'après-midi du 2ème jour

On voit déjà Ouessant. Mon père monte et doit me passer son baudrier en revenant. Je filme l'escalade. A la descente, je récupère le baudrier et je me prépare à ce moment rêvé depuis quelques semaines. Il n'est prévu de monter que sur la vergue de grand voile, la première, mais je suis prêt à monter au cacatois si nécessaire !
Et là, c'est le drame... Nous ne sommes plus qu'à quelques brasses de Ouessant et l'équipage interrompt les activités : il faut carguer les voiles pour préparer l'arrivée au mouillage. C'est la mort dans l'âme que je rends mon baudrier et que je me prépare à la manœuvre.

L'après-midi du 2ème jour

Nous doublons le phare de la Jument avant de pénétrer dans la baie de Lampaul et de mouiller. Nous mettons le zodiac à l'eau en prévision de la navette du soir pour Lampaul...

L'après-midi du 2ème jour

Petit apéro offert par le commandant puis nous sommes de service ce soir... Nous expédions la vaisselle pour pouvoir partir par une des premières navettes. Et là, j'ai fait une grosse boulette, j'ai laissé mon appareil à bord. La silhouette du Belem dans la baie avec le coucher de soleil, c'était divinement exotique et féérique. Mais je garde cette image dans mon cœur, au chaud ! Puis des hauteurs de Lampaul, de nuit, la mature éclairée par les gros spots installés plus tôt donnait un air d'Antilles à cette baie plutôt habituée aux tempêtes. A terre, j'ai eu droit à l'étrange mal de...terre. Le cerveau anticipe les mouvements potentiels du bateau. A terre, on a l'impression de tanguer dangereusement... Après une bonne murphy's (pas de Guiness, dommage) retour et dodo. Cette nuit, pas de quart car nous sommes au mouillage !

Mouillage à Ouessant
Pour plus de photos : galerie #5, galerie #6 et galerie #7.

Samedi 26 septembre 2009

Lever 6h30, 'tit dej' et prêt pour le lever d'ancre à 8h...

3ème jour, départ de Ouessant

Départ d'Ouessant avec le lever de soleil ! Mais troisième loupé, un groupe est partit en lousdé sur le zodiac faire des photos depuis l'eau :-( Il est temps d'envoyer les voiles. Les focs, voiles d'étai et d'artimon. Plus tard pour les phares carrés car nous sommes presque face au vent. Agnès et Eric ont trouvé un nouveau jeu ;-). Ils enduisent les zones vides entre les haubans et les poulies, qui les tiennent, de suif pour éviter la rouille. Mais ils seront dérangés par la manœuvre pour envoyer les phares carrés.

3ème jour, îles du Ponant

Bientôt, nous sommes au large de Molène pour le poste d'observation des îles du ponant et des côtes bretonnes. Bizarre, personne n'a réclamé le poste de propreté qui est passé à la trappe. Nous prenons le déjeuner un peu avant d'arriver à la pointe Saint-Mathieu. Puis nous virons pour remonter le goulet en passant au large des tas de pois.

3ème jour, îles du Ponant
Arrivée à Brest

Dernières manœuvres pour carguer les voiles car nous remontons face au vent.

3ème jour, îles du Ponant

Et pour accompagner cette remontée un peu d'accordéon.
Arrivée à Brest

La rade est pleine de bateaux, course de 60 pieds, la Recouvrance... L'équipage est dans les vergues pour ferler les voiles.

Arrivée à Brest

Et les officiers sur le toit de la timonerie pour la manœuvre.

Arrivée à Brest

On récupère le pilote. Et ça sent vraiment l'arrivée d'une croisière... Plus personne n'a la tête à la manœuvre et la quasi-totalité des stagiaires est sur le gaillard à regarder Brest défiler.

Arrivée à Brest

On prépare les aussières et on file finir les bagages. Puis remise d'une attestation de navigation et c'est la fin.
Et là, c'est le gros coup de calgon, je me sens mal à terre. Heureusement que la soirée chez des amis brestois va permettre de parler de raconter et d'évacuer un peu le blues, pfffff !
A quand le prochain ?

Pour plus de photos : galerie #8, galerie #9 et galerie #10.

Mentions légales : en tant que stagiaire sur le Belem, je suis lié par contrat avec la Fondation Belem. Je suis autorisé à publier mes photos prises à bord sur mon espace public (ce blog). Mais, cette page ainsi que les images (ou galeries d'images) pointées ne sont pas libres de droits !

5 commentaires

1. Le mardi, mars 2 2010, 16:41 par Myriam

Bonjour Wosh !

Félicitations pour ton carnet de bord passionné, très vivant et détaillé... mais aussi richement détaillé par de belles photos du Belem.
On ressent le plaisir que tu as eu lors de cette navigation entre Saint-Malo et Brest.

Je t'invite à venir partager ton enthousiasme sur le forum des stagiaires du Belem... peut-être y retrouveras tu des amis stagiaires avec lesquels tu as partagé cette belle Aventure.

http://belem.forumactif.com/

Et peut-être à bientôt à bord ?

Bien cordialement,
Myriam

2. Le mercredi, mars 3 2010, 08:28 par Wosh

@Myriam : ça fait longtemps que je lis le forum autour du Belem. En fait, depuis ma préparation au stage. Ça a été long d'écrire et mettre en ligne ce carnet, fichtre ;-) J'ai le secret espoir de m'embarquer cette année mais j'ai un gros doute sur mes disponibilités :-( On verra !

3. Le mercredi, octobre 20 2010, 13:19 par Mitch

J'étais avec Jacques l'accordéoniste en juin, je vois vois qu'il à repiqué au truc en Septembre. ;o))

Bravo pour ce reportage.

4. Le mardi, novembre 2 2010, 08:25 par denis

bonjour
je construit la maquette du belem , je réalise actuellement le gréement,il me maque des details a savoir : il y t-il des balancines sur toutes les vergues,comment sont fixe les bas des voiles carrées

merci pour une reponse

5. Le mercredi, novembre 10 2010, 20:33 par Wosh

Bon,
je ne suis pas sûr à 100%.
Pour les phares carrés, il n'y a pas de balancines sur les huniers fixes.
Les amures des voiles carrées (sauf grand voile et misaine) sont fixées sur la vergue d'en dessous. Pour la grand voile et la misaine, les amures sont sur le pont.
Voilà !