14nov. 2010

La théorie des six

Vous connaissez la théorie des six ? Un jour, un savant fou (ou bien était-ce un brillant esprit scientifique) a émis la charmante hypothèse que toute personne de ce monde était à cinq poignées de main de n'importe qui d'autre. Cela ne veut pas dire que l'on connaît tout le monde. Ça veut juste dire qu'en faisant fonctionner son "réseau", on peut rencontrer n'importe qui dans le monde. Pourquoi je vous raconte tout ça, moi ?

J'en oublie la politesse et la courtoisie, je ne me suis pas présentée. Tout le monde m'appelle Don. ! Et j'ai un gros problème... Je n'ai jamais rien demandé à personne, moi. Je vis à la marge, dans un Camp De Roms, à côté de la grande tour Antec. Avec toute ma famille. Et un beau jour, je me suis retrouvée en possession d'une foutue information. Qu'elle est-t-elle et comment je l'ai eue ? Bah, ça ferait une histoire à part entière et ce n'est pas de ça dont j'ai envie de vous causer.
La théorie des six, vous vous souvenez ? Qu'est-ce qu'elle vient faire là ? L'information que je détiens et dont je voudrais me débarrasser est destinée à une personne que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam. Mais la teneur de celle-ci m'amène à penser que lui remettre en main propre pourrait permettre un petit retour sur investissement.
Comment joindre un type que je ne connais pas ? Voilà ce qui me trottait dans la tête lorsque j'ai croisé le gars le plus incroyable du coin. Par ici, on a souvent des problèmes avec les autorités; papiers pas en règle, tracasseries administratives. Alors lui, il nous aide !
C'est notre écrivain public. Le Lecteur qu'on l'appelle. Vous penseriez qu'il n'a pas sa place ici. C'est vrai que nous, nous sommes tout blanc ou tout noir, pas de compromis ! Mais tout gentil qu'il est, c'est un gars lumineux. Et nous, on aime ça, la lumière...
Le Lecteur, lui, il a toujours d'excellentes idées.
"Salut Lecteur ! Alors t'as fini avec les fiches de la famille Bine ?"
"Salut Don. ! Tu as l'air bien soucieuse ? Dans quoi t'es tu de nouveau embringuée ?"
"Ben, t'aurais pas un conseil, là ? Il faudrait que je mette la main sur un type. Mais bon, je ne connais pas grand monde en dehors du camp."
"Écoute, je te refile un tuyaux sur un contact. C'est plutôt dans le genre grosse pointure, gangster, tout ça. Mais il connaît du monde. Il t'hébergera en dehors du camp si tu veux et t'aiguillera. Il fera ça pour moi."
C'est bien ce que je pensais. Le Lecteur, c'est un sédentaire. Mais c'est vraiment un des nôtres...
Et c'est comme ça que je me suis retrouvée chez le gros Dédé. Un bon quintal...
Le gros Dédé, il habite pas un coin cool. Je préfère mon camp. Sa baraque, c'est un gros machin rectangulaire et gris. On dirait un blockhaus. Il y fait une chaleur pas possible. Et le comble, c'est qu'il a du faire construire au-dessus d'un tunnel ferroviaire. Ça tremble tout le temps.
Mon séjour chez le gros Dédé n'a pas duré longtemps. Tout va trop vite chez lui. Tout le monde se précipite. Il y a des gars qui courent dans les couloirs ! Et puis il y fait trop sombre...
Mais le gros Dédé m'a mise en relation avec un conducteur de bus qui pourrait faire avancer mon affaire. Je l'ai rencontré au siège de son syndicat, l'Union Démocratique des Travailleurs, surnommée aussi "Marche pas en Arrière" suite à un discours survolté de son fondateur .
Plutôt désagréable le gugusse. Tout le temps en train de se vanter du "petit bijou" qu'il conduit. Un trente-deux tonnes, avec deux étages. Pfffff ! Je pataugeais.
S'en est suivie une discussion frisant le monologue où j'ai fini par apprendre que monsieur connait une certaine Mémo. Et que cette Mémo est responsable du système d'information... dans la boite dirigée par la personne que je recherche.  Comment la connaît-il, alors que visiblement, il n'est pas du même monde que Mémo ? Il s'est enorgueilli  de lui avoir fait quelques "livraisons" sous le manteau pour un autre client et de lui avoir fait découvrir le plaisir du trente-deux tonnes. Y'a pas à dire, question magouille, il s'y connait.
Il ne restait plus qu'a le convaincre de me conduire auprès de mon pénultième contact. En avant le plan trente-deux tonnes !
Et pour rencontrer Mémo, ça, je l'ai fait. Il m'a même conduite chez elle. Un grand duplex dans le centre-ville. Dans un immeuble moderne, en noir et métal. Des ascenseurs ultra-rapide partout, des longs couloirs froids. Et Mémo qui nous accueille en tenue, hé, je ne saurais même pas dire comment ça s'appelle ! Ça a l'air de faire de l'effet sur monsieur "trente-deux" et ça a l'air cher.
Mémo a eu l'air charmée que nous fassions un trio mais mon gugusse m'a replacée dans le bon contexte. Mon histoire l'a tellement intéressée qu'elle a fini par mettre dehors notre entremetteur. Elle voulait l'information que je détenais, pour elle. Du moins le pensais-je.
Je me suis sentie coincée. Elle avait fermé la porte et se plaçait entre celle-ci et moi. Elle a attrapé son portable. Son interlocuteur semblait au courant de l'affaire.
"Asseyez-vous !" C'était un ordre mais je m'en foutais. Ma petite tête cherchait par tout les moyens à sortir de ce pétrin.
"Asseyez-vous ! On va gentiment attendre la personne qui va résoudre la situation."
Et effectivement, quelqu'un arriva rapidement. Je dis bien rapidement parce que lorsque l'on est concentrée à résoudre un problème, le temps passe et ne revient pas.
"Je vous présente Charles-Pierre de Univac ! Ne faîtes pas l'étonnée ! N'étais-ce pas la personne que vous cherchiez ? Vous allez maintenant nous remettre cette information, je vous prie..."
Mais son ton n'était pas du tout poli. Et le regard glacial de monsieur de Univac me fit comprendre que je ne devais rien espérer de son côté. Voire pire...
"Mademoiselle, vous comprendrez qu'une information de cette importance ne peut pas trainer dans la nature".
Voilà où j'en suis, en cette instant cruel où je sens la vie me quitter, étranglée par un affreux nœud de cravate. Voilà où j'en suis, à penser à la théorie des six. C'est ridicule mais quand on y réfléchit, ça marche, non ? Moi, le Lecteur, le gros Dédé, le conducteur de bus, Mémo et Charles-Pierre de Univac. J'avais bien été à cinq poignée de main de celui que je cherchais. Pour mon malheur.
Au fait, Don. c'est un surnom. En réalité, je m'appelle...





Note : pourquoi la théorie des six ? En fait, je viens de lire un polar du même nom. Très décevant malgré un bonne idée originelle. J'avais donc envie d'écrire ma version. Hé hé... Où sont les geekeries ? Cherchez, cherchez bien !
La fin, c'est un hommage à Ken Bruen et à ses fins qui me laisse pantois.

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8 commentaires

1. Le dimanche, novembre 14 2010, 19:07 par MrJmad

bon allez... tu nous le dis son prénom ??? !!!

Et pour les geekeries... A part la références à l'UNIVAC, j'ai rien trouvé d'autre :)

2. Le dimanche, novembre 14 2010, 19:11 par Wosh

Je sais bien que la pluie, ça incite à la paresse, mais non. Il va falloir persévérer. La référence à l'Univac est un début. Tu peux faire mieux, tu le peux...

3. Le dimanche, novembre 14 2010, 20:55 par Wosh

Bon, aller, un indice : il faut chercher dans le second degré... Univac, c'est trop direct. Hé hé hé !

4. Le lundi, novembre 15 2010, 18:38 par No'

Excellente nouvelle, j'aime beaucoup... Et le vrai nom de Don, c'est un jeu d'enfant quand on se souvient que c'est un polar geek. (ping J-Mad)

5. Le mardi, novembre 16 2010, 07:28 par MrJmad

y avait bien aussi le 32, lointaine référence à 42 ...

bon et la grande tour Antec .. comme j'ai pu louper ça ..

et c'est malin ça No, de dire que c'est un jeux d'enfant sans donner la réponse.

6. Le mardi, novembre 16 2010, 09:41 par Wosh

Pour les clés, c'est ici.

7. Le mardi, novembre 16 2010, 16:09 par dsp

C'est tout ce que j'ai trouvé:
camp de Roms pour CDRom
Lecteur
Le gros Dédé (disque dur) habite une maison parallélépipédique grise qui ressemble à une tour de PC
Le bus ...
32 tonnes => 32 Go
Univac
Pour le reste, je ne dois pas être assez geek ...

8. Le mercredi, novembre 17 2010, 10:41 par Wosh

Parce que "dsp", c'est pas geek comme pseudo ? :=P